La montagne sacrée
Dans l'eau froide du bassin
j'ai vu trois araignées d'eau
se tenir par la main.
Torse nu et jambes frissonnantes
j'ai mis un peu de sel
sur les crocs du capricorne.
Au clair de mes cheveux
j'ai soustrait quelques reflets
pour les offrir au frêne.
Accumulant l'élan des choses dites
il me parut propice
de blanchir les os des cimetières.
D'un long mugissement
la bête écumante des bas fonds
emplit la maison du plancher au plafond.
Courant sur la berge
les enfants aux cerf-volants
éclairaient le pas des vivants.
La douceur
émise faiblement
tentait un dernier serment.
A ses pieds le bouvier de la constellation
rassemblait le céleste troupeau
à coups de bons mots.
Pour plus de lumière
il fut nécessaire
de sourire davantage.
Raclant les coquilles
la vague aux jupes blanches
émargera aux souvenirs absents.
Des pleurs cristallins
dans l'entre-deux des regards vides
cogneront à la porte de l'oubli.
De tout cela
il sera versé au registre des entrées et des sorties
le trop plein des effusions de l'instant.
Pour demain
transvasant la symphonie des jours meilleurs
tendre les bras.
Encalminé par des désirs
je laisserai néanmoins s'envoler
la colombe de paix.
Autrefois baisers fous
le jet du carrelet clôturera
la parade des merveilles.
Paresse en liesse
Montant à la tribune
j'agiterai le drapeau à damiers.
Pour ce qui se fait
au camp du Drap d'Or
nous aurons d'élégants échanges.
Devant le palais en file indienne
se tiendront
le chasseur l'amant et la cartomancienne.
Alors qu'en bas de page
la montagne pyramidale propagera
la parole des tenanciers du langage.
Il y aura du pain et du vin
sur ces rives ardentes
à portée musicale des instincts.
Alors la saison s'ouvrira
sous le regard chaste et fier
de la Vierge des morsures.
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