Les Égarés
Et pour chasser le culte de l’été
Pour chasser la poussière blanche du saucisson noir
Ils ondulèrent jusqu’à se mettre en quatre
Les Égarés.
Ficellement vôtre
À la merci de quelques rires de madiran
Leurs âmes s’égarèrent dans la fumée
Les Guerriers d’Ukraine.
Pesamment bedonnant
Le vrai chef de famille portant médaille
Ils ont imbibé d’eau la vie quotidienne
À défaut d’ouvrir une source.
Nul ne permettait pareille incartade
Sabre levé haut
L’absence de désir comme stratégie suprême
Faisait foi.
Petchenègues de la pensée ardente
Sous la pluie battante
Ils ont préférés la tranchée boueuse
Au drone égrillard.
Nus des versatilités de l’Esprit
La claire couleur de lait dans le blanc des yeux
Ils ont éparpillé les cauris
Comme grains de l’épi de riz.
À faire vivre la démesure
Dans les potentialités de l’Éveil
Ils ont laissé aux grandes oreilles
Le soin de guetter le missile.
Au comble de la faim et du froid
Ils ont ourdi le geste de trop
Contre le lire et l’écoute des chants d’oiseaux
Les Égarés de la raspoutitsa.
Le cœur rouge confiture
En instance déplacé
Découpant le pavé en fine poésie
Nous ne cessons d’aligner nos blessures.
Le vrai sens de l’instant
Pris dans le chaos des choses
Est de sauter à pieds joints dans l’abîme
Avant que la badauderie du dimanche nous atteigne.
Maugréer puis se taire
Comme vent nous emporte
Nous pousse par des rêves inopinés
Au cœur de la vie.
Quittant l’aire des contes féériques
À la gueuserie décapée
Reste le grenier de l’enfance
Avant que les mots à tous nous manquent.
1471