Elles
Cornes pointées de fer
Elles tournent leurs redoutables têtes
Herbes enchantées pour couronnes
Qu’elles pendent aux esses inconcevables
En disant transformer le monde.
Elles lui prennent la main
L’Étranger à la voix douce
Lui demandant de l’aide
En lui disant que ce n’est pas l’ignorance qui les trompe
C’est l’amour.
Elles ressemblent à de grandes chauves-souris
Aux ailes de vaisseaux chylifères
Elles frappent le sol de leurs pieds griffus
Lieu de gémissements fumants
Elles roulent et leurs poitrines résonnent.
Entrailles de terre fécondée
Elles surgissent sur la plaine
Et accouchent
Venin vigoureux elles croassent
De leurs fines dents de diamant.
Le roi s’est assis au milieu d’elles
Alors elles soufflent le feu
Formidable brasier
Aspergé d’eau
Par le rire de l’Oiseau.
Elles ont chassé les étoiles palpitantes
Brandi le sceptre d’ivoire
Pour taureaux aux pieds de bronze
Envahir de leurs cris
Les poils pendants qu’elles caressent.
Elles sont suivies d’autres et puis d’autres
Aux bras rouges de sang
Jusqu’à se confondre avec l’horizon
Elles peuvent en manger
De l’homme.
En haut du tertre
Narines dures
Elles brûlent et détachent de leurs ceintures
Les pans de soie
De leur accouplement d'être.
Les lances aux bouts pointus
Ont atteint leurs cibles
Pour étonnamment gonfler de courage
L’arc-en-ciel des merveilles
D’une brassée de fusils.
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