Trois fruits
Trois fruits
Mouillés à l'eau glaciale
De la toile
À couvert
Les cuisses et mollets de cuir à découvert
Comme dames à bicyclette.
Dans le sens du vent
L'ombre gagne peu
Devant la touffe d'herbes fines
Que la mousse hérisse
De petites fleurs jaunes
Innocentes et délicates.
Posées
Comme provisions de montagne
Sur la pelouse sommitale
Près du torrent rageur
Entre pans de forêt
Et lèvres en sueur.
Tirés à quatre épingles
Les fruits de nulle part
Forment trépied
Se balançant
L'espace d'un moment
Avant de faire culbute.
Absent
À contre-courant
Ne renversons pas l'échiquier
Soyons aux aguets
Aiguilles à remonter le temps
Nuque raide sous le tic-tac éternel.
Respirer un grand coup
En dominant le paysage
Oppresse
L'encombrante fratrie
Pareille en dissemblance
À la dispersion des cendres.
Puisse répartir
Le feuillage en fond de caisse
Caisse ventrue
Aux poignées de cocagne
Apte en son ouverture suspendue
De sourire comme un chat du Cheshire.
Langue bien pendue
Trois lèchons plus loin
Elle accasionnait
La réunion des francs-maçons
Dans le chaudron de cuivre
À l'unisson d'une tension.
Belles accordailles
Fêtées comme hirondelles de retour
Nos fontaines navrées
D'avoir à tenir le triste rôle
Se vidaient comme mortes de faim
Devant la fuite de l'hiver.
Tués au champ d'honneur
Les yeux vides de sidération suppliante
Les cadavres hoquetaient
En chœur sous un ciel gris
Un Te Deum porté en main courante
Dans la guérite des principes.
Préparez-vous jeunesse
Aujourd'hui il y aura distribution
Résilience assumée
De robes et de bas noirs
Pour créatures de bruits et de fureurs
Faire valser l'insensé d'une suite d'idées.
Vous êtes belles
Parures déployées de soie mêlées
Enfilées sur la ligne bleue des Vosges
À boire avec moi
Avant de rentrer chez soi
Madelon de bon aloi.
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