Six heures quinze
De la clarté dans le sombre du ciel
Les prémices, la proche présence du feu de Dieu
Puissance
Calme
Le cœur bat
Chamade douce
Aspiré par la lumière
Élevée.
Guetter
Prêt à la lecture du grand Tout
Et de ses signes au-dessus de l’horizon
La barrière des nuages
Surmontée d’un trait de clarté
L’espace bien dégagé qui élargit le cœur
Vastitude du ciel et du cœur
Le cœur c’est le ciel
Je suis de là-haut
Je suis de là-bas.
Quelques tâches rougeâtres
À l’emplacement de la future venue
Se mettre à l’unisson
Élargir les bras
Creuser le ventre
Prêt à recevoir la clarté.
De petits homoncules traversent la rue
Quelques uns courent
D’autres laissent passer les véhicules.
La plage du ciel propice à l’accueil est large
Une grosse larve de nuages progresse de gauche à droite
Un larve annelée qui grossit grossit
À droite, calme et serein, le ciel attend
Au dessus de la larve, l’immense vide
Un halot orangé clair monte au-dessus de l’horizon
Ça vient
Rien ne m’appartient
Et pourtant je suis bien là
Au plus prêt de ce qui naît et qui est déjà là.
Un pigeon se pose sur le lampadaire
Il repart.
Le triangle pubien clair de clair
Fente fine et profonde au centre de la matière
Juste entrevue
Les larges cuisses refermant l’ouverture.
Le mirliton des teintes douces
S’essaye à quelques touches pastelles.
Les membres se déplient
Un coude
L’attache avec le cou
Un muscle rond
Le sein à l’aréole affirmée
La déesse dans un lent élan se farde devant l’enclume
Les musiciens rejoignent leurs places
Un premier son s’élève
Puis d’autres en désordre
Les musiciens se cherchent
Sur l’os de seiche de la philharmonie
De la gauche vers la droite en avant toute
Les cuirs et les anneaux se tendent
Le convoi se met en marche
Là, un linge blanc
L’ourlet avec le rien
Le crémeux de tes yeux
L’oiseau de la rambarde s’est envolé
Le frein retient la turgescence
Coquille des espaces.
Sept heures quinze.
Faut-il qu’il m’en souvienne
L’amour venait après la peine.
Les premiers rayons jaillissent
À l’horizontale
La bedaine des nuages s’éclaircit
Déchirure
Vagissement muet de l’aube
Les rayons balaient le dessous des nuages.
Un peu d’eau fraîche
À la tienne Soleil !
Pour ne pas retenir l’élan qui luit vers celui qui est.
Plusieurs pigeons se rassemblent sur la rambarde
La tête tournée vers le soleil.
Là
Un pilier
Une aspiration
Un masque vénitien
Les yeux séparés par un nez acéré.
Il clique
Puis jaillit
Hors les limites bordières
Le disque se démarque de sa gangue.
Il luit
Le regard vers le bas
Ses pinceaux lumineux
Rencontrent la brume qui monte des vallées.
Le sourcil épais
De l’eau dans la gorge
De l’eau et de la lumière
Bonne journée toi le jour d’aujourd’hui !
Don de lumière
Sur le pylônes de la voie ferrée
Un train entre en lumière.
Il est un temps pour tout
Et les doigts fins de l’infirme d’hier pianotent
Sur le suc de la Vie.
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