Le frêne
En allant vers la cité des vents
le long de cette route étroite
la croix et la bannière
à mi-ombre
cette petite femme
courbée ne payant pas de mine
sur le bord du chemin
que j'ai accueillie dans mon auto
une odeur à nulle autre pareille
un semblant de suie
sous le boisseau de cheminée
à trier la lentille
à se dire ce qu'on pense les uns des autres
à la lumière de la lampe à pétrole
cette chance de veiller
que ne l'ai-je désiré
de ne pas monter de suite dans la chambre
pour me trouver entravé dans le sac à viande
qu'elle me destinait
afin de ne pas lui donner de coups de pied
qu'elle disait.
Je roulais sur le verglas
pour me retrouver dans le fossé
immensément blanc
avec cette tâche de sang au centre du drap
il faisait froid
la fontaine était gelée
à la pioche nous cassâmes la glace
un faisan passât
pour se poser sur la barrière du jardin
un roi dans ce désert
la bise soufflait
nous décidâmes de rentrer
mes mains là
devant mon visage à imaginer la bonne surprise
de revoir encore ce vieil homme
Pigna, le réparateur d'horloges
sous le cadre des médailles exposées
l'homme à la moustache
ancêtre tutélaire
fier d'avoir survécu à l'enfer de la grande guerre
pour gènes échangés
me faire naître
au printemps
avec entre les doigts
une pousse de frêne .
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