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la présence à ce qui s'advient
8 août 2013

Psychologie, ce qui soigne

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      Du point de la personne qui rencontre un psy :

L'intention. Vouloir que des choses changent dans mon comportement, que des souffrances s'apaisent .

La relation, la qualité de la relation, être en face l'un de l'autre, là où l'individu devient une personne. La qualité de personne est toujours interpersonnelle ; il ne peut y avoir de "je" sans un "tu".

"Je ne deviens vraiment une personne que lorsque je vous regarde dans les yeux et que je vous permets de regarder dans les miens ."

Etablir le lien, un lien par lequel l'on se sent accueilli et accepté dans son être, un lien ressenti au profond de soi-même, bien au-delà de ce que nous pouvons dire et exprimer, un lien qui fait que l'on se sente naturellement chez soi, et qu'un échange essentiel va avoir lieu .

Le langage. Être accueilli avec son langage propre. Mon langage c'est moi. C'est ce qui me fait être dans le monde, me protège et me définit. C'est une partie essentielle de mon identité. Mon langage, ce sont mes mots mais aussi ce que mon corps physique donne à voir par des mouvements et des micro - signes .

Soigner c'est être écouté, c'est rencontrer un professionnel qui soit dans un état présent et non crispé de vigilance, dont l'attitude de bienveillance active peut m'émouvoir et me donner envie de me confier. J'attends que l'autre soit calmement centré en lui-même et que son acceptation inconditionnelle à ce qui est soit pleine et entière .

C'est être entendu et accueilli sans jugement .

C'est ressentir par mon corps, ma psyché, mon âme et mes affects ce qui se passe en moi à propos de ce qui se passe là, si différent par le cadre de la rencontre et pourtant si proche de moi par la confiance qui s'instaure .

C'est nommer avec concision et le plus clairement possible ce que je ressens .

 

Pour le praticien :

C'est repérer par une écoute la plus large possible tous les éléments du processus de la rencontre, dans un continuum de conscience, dans le contact en train de se déplier là entre nous, dans le contact qui s'instaure ici et maintenant mais qui néanmoins éclaire le passé et l'avenir .

C'est créer un climat de légéreté et de liberté pour l'autre, qui permette aussi le repérage d'éléments d'analyse .

C'est créer un cadre tout autant concret que symbolique et imaginaire, clair et sécurisant, mais qui ne doit pas être un mur mitoyen afin de permettre d'accéder au cadre réel .

C'est lancer des pistes, des hypothèses, des jalons, dont l'autre pourra se saisir s'ils sont à sa portée, sans être redondants avec ce qu'il est, ni trop éloignés de ses capacités émotionnelles et de compréhension du moment. C'est s'ajuster créativement et avec pertinence à la situation .

C'est aimer tout l'avoir de cet être-là devant soi dans ce qu'il donne .

C'est aimer l'être de cet être-là, sa richesse accumulée dans son histoire de vie, ses potentialités et ce qu'il est dans le déploiement de lui-même, dans son dépliement vers sa croissance d'être, dans son ouverture au monde .

C'est maintenir la bonne distance entre lui et moi afin de mettre à jour et de faire travailler les perturbations de la relation entre lui et son environnement,  avec un maximum de clarté dans le ressenti et de lisibilité dans l'expression sans contraindre  l'autre a être autrement que ce qu'il est ou/et donne à voir à son entourage .

C'est dégager tous les éléments de confluence, de projection, d'introjection, de rétroflexion et d'égotisme dans ce qui se joue à propos de notre rencontre. C'est être le mécano plein de doigté qui démonte et remonte tout en sensibilité les petites pièces de la mécanique humaine qui reste bien vivante durant la transaction existentielle qui nous relie, nous conjugue, nous décline et nous grandit .

C'est considérer l'autre comme un être humain en croissance, comme un pélerin sur un chemin initiatique, engagé sur un chemin de conscience ininterrompu. Etre un homme, c'est être un voyageur, toujours en mouvement .

C'est partir du commencement, de là où l'autre en est, avec son histoire de vie, avec ses émotions qui nourrissent l'émergence de ce qui éclot comme à son insu dans le creuset de notre contact. La qualité d'être une "personne" et non un individu implique une quête de sa véritable identité à des fins d'individuation effective constante vers ce qu'on est vraiment .

C'est tenir le cap et être le garant du cadre, afin d'inscrire ce qui se passe, là, dans l'espace-temps de la rencontre présente et dans la succession de nos rendez-nous .

C'est expérimenter avec pertinence, des situations qui adviennent au rythme de celui qui vient en confiance se faire soigner et sous la guidance de celui qui est en responsabilité de le soigner. Alors vont pouvoir émerger ces éléments de la mécanique psychologique à l'oeuvre dans notre psyché, non en assénant à l'autre des diagnostics péremptoires et des baumes réparateurs mais en le dirigeant vers des voies où lui-même pourra être en mesure de donner sens à ce qui se passe .

N'utiliser ses connaissances théoriques qu'avec circonspection. La théorie et la technique ne peuvent embrasser l'ensemble de la psychée, le traitement psychique étant une " relation totale " qui engage le praticien autant que le patient bien au-delà de la théorie et de la technique .

C'est être patient sans être attentiste .

C'est être stimulant sans précéder l'autre sur son chemin de vie .

C'est être juste dans ses interventions dans le sens de "justice" afin de ne pas leurrer l'autre et lui donner envie d'aller plus loin encore dans la connaissance de soi .

C'est être en justesse d'ajustement créateur  avec ce qui est là, juste là, dans l'ici et maintenant et après du contact .

C'est vivre en simplicité, en humilité et en éveil la séance de psychologie où le travail se fait aussi au-delà de nos capacités cognitives à clarifier les situations, bien au-delà de ce qui se dit là, et où le changement qui se produit là est autant affaire de compétences, que de la vitalité et des capacités d'auto-guérison alors stimulées que la personne possèdait en son fond .

C'est préférer la valeur incertaine et sensible de l'activité humaine expérimentant ce qui arrive là, à la tranquillité rassurante pleine d'a priori, d'inférences et de fausses certitudes de celui qui sait comment s'y prendre pour soigner, de celui qui calme - même si cela est parfois nécessaire - , à défaut d'inscrire la personne dans une démarche de responsabilité et de conscience pour construire elle-même son bonheur .

Poétiquement votre c'est savoir que dans les brumes du matin tout autant que dans le crépuscule du soir, il y a tout autour de nous tout ce qui n'est pas nous, que vivent ou ont vécu de multiples personnes et que le monde est plein de possibilités de rencontre et de dialogue .

 

S'ouvrir dans le respect de soi à ce qui est autre ne peut être que relation qui soigne .

C'est être l'aventurier de son devenir, en émerveillement et au regard de ses comportements, en marche vers un mieux-être sur sa ligne de vie. C'est être libre, ce qui n'est pas chose facile car comme le dit Kirkegaard : " La chose la plus terrible qui ait été octroyée aux hommes est le choix, la liberté . "

 

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Commentaires
S
merci j'avais besoin de lire cela ce matin.....
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la présence à ce qui s'advient
  • La communication, l'initiation, ne se font pas sur commande. Ce sont en effet des mouvements privilégiés, providentiels, au cours desquels se produit un dévoilement né d'une étincelle jaillie du frottement de deux âmes.
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