La bicyclette éternelle
Elles ont glissé
Leurs patins d'air
Sur la fontaine des souvenirs
Les araignées fines funambules
Marquant d'auréoles concentriques
La douce arrivée d'eau
Pour que rase rassasiée
S'échapper par la motte de terre soulevée
En contrebas du pré.
Le travail des herbes folles
Déposées à la surface du sourire
Faisait lumière au sortir de la goule
Renouveau accompli
À mesure de l'esprit
Échappé des traverses lourdes
Le long de la voie ferrée
Du grain de la phrase
Entre deux éclats de rire.
Une pluie mercenaire
Faisait se courber les scabieuses
En réjouissant les vaches
Aux mufles lustrés
À la robe dégoulinante
Les dix doigts diligentés
Sur le combat Villemain Dauthuille
À piqueter le papier
Sous les pins de l'orage.
En attente d'un bleu prophétique
Glorieux d'avoir exhumé la pierre ténébreuse
Où déposer la mousse humide
Du face-à-face mélodieux
Avec le merle aux pattes fil-de-fer
Il eût été branche molle du cerisier
Plus apte à soutenir les ténèbres
Que d'évacuer l'écureuil du square des pompiers.
La main suggère le souffle
De concert avec le parfait récital
Quand miettes retenues par la serviette
Éteindre la lumière
Pour ne plus entendre le bruit de l'ampoule
Marche forcée de la créature incommodée
Aux yeux de pêche
Reproduisant la Cène
Des amitiés carillonnantes.
Effluves légères
Soupir évoqué
Pensée permise
Les nœuds se délient
Tapis de prière déposé
Encore une minute ou deux
Pour faire de l'enfant au regard doux
La source du réel pur
Les mains sur les cocottes d'une bicyclette.
( Encre de Pascale Gérard )
1352